Visions pakistanaises du Cachemire

Publié le par Baobald

Il est d’usage, de nos jours, que les pays se présentent dans le cadre d’un espace territorial précis sur leurs cartes. Cela n’est pas le cas pour la série de cartes du Pakistan présentée sur le site du ministère des affaires étrangères du pays, et pour laquelle les auteurs n’ont pas tracé de frontière au contact de la Chine, et indiquent que rien n’était encore décidé à ce sujet. Au demeurant, aucune frontière n’est mentionnée entre les différents pays voisins que sont l’Afghanistan, la Chine et l’Inde.

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Shéma récapitulatif des cartes du Pakistan sur le site du ministère des affaires étrangères

 

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Ces absences de frontières sont indubitablement liées aux contentieux territoriaux autour du Cachemire. Au premier plan, l’Inde et le Pakistan se disputent le territoire depuis leurs accessions respectives à l’indépendance (1947), et en administre chacun une partie de part et d’autre de la ligne de contrôle imposée par l’Onu en 1949, après un premier affrontement militaire. Le Pakistan a toujours revendiqué un territoire peuplé en majorité par des populations musulmanes, au nom du rassemblement de ces derniers au sein d’un même pays. Cette vision est le principe même qui a mené à la création du Pakistan, et par lequel Islamabad refusa d’adhérer à l’Union indienne. L’Inde estime quant à elle que le Cachemire la rejointe de manière tout à fait légale, à la demande du prince hindou - le maharadja Hari Singh - qui la gouvernait en 1947, et avance la vision gandhienne d’une Union indienne multiconfessionnelle. Ces deux visions antagoniques sont à l’origine des conflits et frictions entre ces deux pays.

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Mais le Cachemire est aussi administré dans la région de l’Aksai Chin par Pékin, depuis sa victoire militaire sur l’Inde en 1962.

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Le Cachemire "réel"

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Pour régler le conflit du Cachemire qui l’oppose à l’Inde, le Pakistan a toujours adopté une stratégie d’internationalisation, appelant la communauté internationale à faire pression sur New Delhi pour l’organisation d’un référendum auprès des cachemiris. Régionalement, la Chine a été un allié de poids contre l’Inde, du milieu des années 50 aux années 80. Pékin et New Delhi ont connu un grande rivalité pendant cette période. Depuis les années 90, bien que de nombreux contentieux territoriaux ne soient toujours pas réglés, les deux pays ont tendance à se rapprocher, et la Chine ne prend plus officiellement le parti d’Islamabad pour la résolution du conflit indo-pakistanais au Cachemire.

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Sur les cartes du Ministère des affaires étrangères, le Cachemire n’apparaît ni dans les frontières de l’état princier gouverné par Hari Singh, ni dans les limites des zones administrées par les trois pays en présence. Du côté pakistanais, l’Azad Cachemire ainsi que la partie orientale des « Territoires du Nord » ne sont pas reproduites. Les jeux de couleurs dissocient un Pakistan officiellement défini, intégrant la région de Giglit, au reste du territoire disputé (et mentionné comme tel) entre l’Inde et le Pakistan dans une couleur plus estompée. La revendication territoriale est symbolisée par la continuité de la frontière mais qui disparaît au contact de l’Aksaï Chin. Ainsi, la reconnaissance par le Pakistan de la souveraineté chinoise sur cette dernière région n’apparaît pas de manière formelle, sinon la frontière aurait été clairement dessinée. Du côté chinois les cartes officielles intègrent sans ambiguïté l’Aksaï Chin. Bien que n’ayant personnellement rien trouvé sur Internet qui rapporte des revendications pakistanaises à propos de l’Aksai Chin, la mention de « frontière non délimitée » sur les cartes du Ministère peut être perçu de manière équivoque.

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Cette indécision laisse-t-elle supposer d’éventuelles aspirations à intégrer l’Aksaï Chin ? Que penser de la carte du Pakistan présentée sur la page d’accueil du du gouvernement et qui englobe bel est bien cette partie (zoomer dans la partie "where is pakistan")?

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C
Awesome article! Thank you for this article.
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